Dans cet article, je vais vous parler de la légende de la Fée Mélusine et des romans qui ont été écrits pour poursuivre la légende. Il s’agit d’une légende très connue dans la région du Poitou-Charentes. Par contre, comme pour la plupart des légendes, nous avons plusieurs versions de la légende de Mélusine ainsi que plusieurs auteurs médiévaux du roman.

Les deux versions les plus connues sont celles des auteurs Couldrette et Jean d’Arras. Nous pouvons les lire même de nos jours « traduites » en français moderne. Les auteurs médiévaux n’ont pas toujours signé leurs œuvres et il était très courant parmi les auteurs de reprendre un roman et de le réécrire en faisant des modifications à son propre gré. L’auteur médieval était vu comme un medium qui transmettait seulement ce qu’il a déjà lu ou entendu (comme une légende, par exemple). Le concept d’auteur que l’on connaît de nos jours est une invention moderne, de même que l’idée de propriété intellectuelle.
La version de Jean d’Arras est plus ancienne et il s’agit d’un roman en prose. Son roman a été écrit à la fin du XIV siècle et a été intitulé Mélusine ou la noble histoire des Lusignans. Selon certaines sources, ce roman a été commandé par la famille du rois français Jean II le Bon, plus précisément, c’étaient son fils Jean de Berry et sa fille, Marie de France, qui ont demandé à ce que cette œuvre soit écrite. Selon une deuxième source, le roman a été écrit en tant que cadeau de mariage à un seigneur de la ville de Lusignan. Le roman suit l’origine mythique des ducs de Lusignan depuis leur ancêtre, la Fée Mélusine. En tout cas, le roman est écrit selon une légende qui existait déjà dans le folklore médiéval.

La deuxième version, celle de Couldrette est plus récente, datant de la fin du XIV et début du XV siècle. Elle est écrite en vers. Son titre est Mélusine ou De Partheney. Cette version reprend la plus ancienne, le roman de Jean d’Arras.
Légende
Pressine attribue à Mélusine cette malédiction : chaque samedi, ses longues belles jambes se revêtiront d’écailles et prendront l’aspect d’une queue de serpent (ou de poisson selon certaines sources). Si on surprenait Mélusine dans cet état, jamais plus elle ne reprendrait forme humaine.
La légende commence avec la mère de Mélusine et ses soeurs, la Fée Pressine, qui jette un sort à ses trois filles pour avoir offensé leur père, Elinas, roi d’Albanie (mauvaise traduction de l’Albion, souvent perçue comme l’Avalon arthurienne par les experts).
Par contre, il y a une solution pour rompre cette malédiction. Mélusine doit épouser un homme qui tiendrait la promesse de ne jamais la voir ou chercher à la voir le samedi.
Fort heureusement Mélusine trouva un homme qui accepta de l’épouser selon ces conditions. Il s’appelait Raymondin. Un jour, le jeune homme partit avec son oncle, le comte de Poitiers, chasser un sanglier réputé gigantesque. Sans le faire exprès, en poursuivant la bête, Raymondin tua son oncle. Le jeune homme, profondément triste, plein de chagrin d’avoir tué son oncle fuit à travers la forêt de Coulombiers.
Raymondin marchait ainsi dans la forêt quand soudainement, il posa les yeux sur trois jeunes filles très distinguées par leur beauté. Mélusine lui sourit et vint lui parler. La belle fée promit au chevalier le bonheur et la prospérité s’il l’épousait. Mais en retour, elle lui demanda de promettre de ne jamais chercher à la voir et à savoir où elle allait et ce qu’elle faisait le samedi. Raymondin, tombé sous le charme de la belle fée, accepte volontiers et les noces sont célébrées à leur retour dans son domaine.
Mélusine et Raymondin vécurent heureux et eurent dix fils ensemble. Tous leurs fils étaient beaux et bien bâtis à quelques détails près. Ils sont tous devenus fondateurs de familles nobles dans toute l’Europe. Mais ils avaient tous quelque chose de particulier, par exemple : Urien, l’aîné, qui devint roi de Chypre, avait un œil rouge et un autre vert et avait les plus grandes oreilles qu’un enfant puisse avoir ; Eudes avait une oreille plus grande que l’autre ; Antoine portait sur la joue une griffe (ou une patte) de lion, il devint duc de Luxembourg ; Fromont, qui devint moine à Maillezais, avait sur le nez une petite tache velue, etc.
Malgré le bonheur de la fée et du duc, le mystère autour de Mélusine commençai à faire parler les gens du royaume. Des dix garçons nés de leur union, chacun d’eux présentait une infirmité. De plus, les gens se demandaient pourquoi diable Mélusine s’enfermait-elle tous les samedis ?
Le frère de Raymondin, le conte de Forez était jaloux en particulier du bonheur de son frère et commença à vouloir éveiller le soupçon chez son frère que sa femme le trompait ou autre chose. Convaincu par son frère, Raymondin chercha à percer le secret de son épouse. Il rejoint Mélusine en bas de la tour où elle s’était enfermée. Muni de son épée, il fendit la serrure de la porte et la surpris dans son bain peignant ses longs cheveux blonds.

Au moment où il s’aperçut que le corps gracieux de Mélusine se terminait par une énorme queue de serpent, la fée se mit à crier et s’envola par la fenêtre. Ceci est une version de l’histoire. La deuxième dit que Raymondin a refermé le trou à travers laquelle il a vu Mélusine dans son bain et qu’elle ne s’est pas aperçue de son regard. Ils vécurent heureux encore quelque temps jusqu’à ce que Mélusine ne se rende compte que Raymondin avait appris son secret. Brisée par la tristesse causée par la trahison de son époux, elle proféra d’horribles menaces à l’encontre des forteresses qu’elle avait construites pour Raymondin : « Pouzauges, Tiffauges, Mervent, Châteaumur et Vouvant iront chaque an, je le jure, d’une pierre en périssant ».
Certains disent qu’elle revint encore certains soirs hanter les ruines de ses châteaux pour rendre visite à ses fils. Selon une version de la légende, elle volait autour du château des comtes de Lusignan trois jours chaque fois que le seigneur du domaine changeait. La deuxième nous raconte que la veille d’un événement tragique concernant les membres de sa famille, comme un décès, on peut l’entendre hurler d’une voix aiguë. Certains disent qu’elle hante toujours les ruines de ses châteaux.
Mélusine la bâtisseuse
La légende nous apprend que la Fée Mélusine était une grande bâtisseuse et qu’elle a bâti de nombreux châteaux dans la région du Poitou-Charentes. Mélusine a fondé les villes de Parthenay, Tiffauges, Talmont, édifié les murailles de La Rochelle, les châteaux de Châteaumur, Mervent, Vouvant et fait construire de nombreuses églises (comme celles de Saint-Paul-en-Gâtine et de Clussais-la-Pommeraie) et abbayes. « Quelques dornées de pierres et une goulée d’ève » lui étaient nécessaires à l’élévation des plus imposantes forteresses. Si quelqu’un la surprenait dans son ouvrage, qui avait lieu généralement la nuit, elle cessait immédiatement ses travaux. C’est ainsi qu’il manque une fenêtre à Ménigoute, la dernière pierre de la flèche de Niort et de l’église de Parthenay. Dans le Donjon de Niort, plusieurs partie du château sont consacrées à la Fée Poitevine : Salle Mélusine et Tours Mélusine.


Nous parlerons de l’héritage de Mélusine dans d’autres pays ainsi que son rôle dans la culture moderne dans d’autres articles.
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